[Mini-chroniques] Rattrapage mensuel (mai 2024)

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Style: diversAnnee de sortie: 2024

GatecreeperDark Superstition (Nuclear Blast Records) death mélodique

Les dernières photos promo ne mentaient pas, les gars de Gatecreeper se sont mis au melodeath à l’ancienne au point d’apparaitre avec des t-shirts de groupes phares du genre: In Flames en tête a été fortement écouté, mais aussi Dismember ou encore Grave. Nous avons donc aujourd’hui un groupe métamorphosé (édulcoré ?) qui ne ressemble presque plus du tout à ce qu’il était auparavant. Riffs mélodiques tout en puissance, vocaux plus aussi épais que sur leurs méfaits précédents, on est d’abord limite à se dire que le groupe aurait dû changer de nom. Puis on se ravise, on hoche la tête en rythme tant ça fonctionne, le catchy ayant remplacé le rugueux. Ça va bien fâcher les fans de leurs débuts et en rabattre sûrement de nouveaux…

Four Stroke BaronData Diamond (Prosthetic Records) OVNI metal/pop/progressif complexe

Trois ans après le fabuleux Classics, Four Stroke Baron débarque avec un nouvel album tout aussi iconoclaste. Le duo n’en fait toujours qu’à sa tête, nous menant dans une sorte de film expérimental aux voix déformées et aux riffs groovy entre deux expérimentations déroutantes. Chaque titre surprend, faisant le grand écart entre refrains ultra mémorables (avec vocaux toujours pas loin d’un Tears For Fears), moments planants au milieu des robots et chemins de traverse un brin brouillés, où folie hallucinée et déformations soniques en tous genres mènent les débats (surtout dans la seconde partie de l’album où l’on s’égare quand même pas mal). Un album très étrange, très décousu mais aux mélodies qui restent malgré tout marquantes ! Pour oreilles (très) ouvertes à la curiosité.

NobodyDespair Is Where My Thoughts Swim (End My Life Records) dsbm

Jeune trio monté l’an dernier par trois gars s’illustrant dans un paquet d’autres groupes issus de l’underground US, Nobody vient proposer sa vision du “depressive suicidal black metal” sur ce premier album. Menés par des voix multiples dont une suraigüe façon Silencer, les titres nous entrainent dans une exploration de tourments intérieurs ressortant avec une apparente folie. Et avec ce genre de vocaux, c’est un peu quitte ou double tant c’est edgy, on prend ça comme une version actualisée réussie de Forgotten Tomb, Lifelover (repris judicieusement en guise de conclusion) ou de vieux Shining, ou alors on reste bien à l’extérieur avec une sensation de gêne (effet recherché ?) voire de cringe. A vous de voir !

Intrusive ThoughtsDysphorie (Before Collapse Records) rock alternatif

Jeune quartet originaire de Rouen, Intrusive Thoughts débarque avec un premier album plein de fougue et d’envie, se réappropriant le son des 90’s, entre grunge, punk, noise et rock alternatif au son garage forcément abrasif. Dysphorie est un court album tendu mais mélodique où énergie et une certaine forme de mélancolie viennent enrober des thèmes profonds touchant notamment au mal-être psychologique et à la dépression. Une remise à jour de styles ayant marqué une époque de la part de jeunots très prometteurs ! A découvrir !

GraywaveDancing In The Dust (Church Road Records) heavy shoegaze/dreampop

Originaire du Royaume-Uni, Graywave est parvenu à se forger un son bien particulier dans cette scène alternative en fusion. Partant d’une base dreampop planante personnifiée par la voix de sa vocaliste Jess Webberley, aussi à l’aise dans les gémissements désenchantés (“Falling Apart”, “Undone”) que dans les envolées angéliques (le tube “Blur Into One”), le groupe se distingue par ses envies de lourdeur (façon Deftones) avec des riffs texturés nous englobant dans un poids comparable à une grosse couverture en plume en hiver, pesante mais tellement confortable. Juste dommage que ce ne soit qu’un EP !

The Hope ConspiracyTools Of Oppression/Rule By Deception (Deathwish Inc.) punk hardcore/crust

Après l’EP surprise sorti en fin d’année dernière (Chaos/Confusion/Misery), The Hope Conspiracy n’aura pas attendu trop longtemps pour en produire une suite. Une suite de dix titres parmi les plus percutants jamais sortis par le groupe de Boston, synthétisant leurs envies rageuses telle une version sludge de Cursed tout en apportant quelques ouvertures atmosphérico-mélodiques sur des titres comme “Shock By Shock” ou sur le pont de “The West Is Dead”. Un retour gagnant qui ne donne envie plus que d’une chose: les voir en live !

BrumeMarten (Magnetic Eye Records) doom rock

Brume (à prononcer “Broom”) est un jeune groupe de San Francisco proposant ici un nouvel album qui s’accorde parfaitement avec le temps pluvieux, telle une bande sonore pour regarder la grisaille et les averses à travers sa fenêtre. Le doom rock de ce trio californien possède en effet un profond sentiment de mélancolie intensifié par l’utilisation d’un piano, d’un violoncelle (“Jimmy” magnifique ouverture) et surtout de la voix expressive de sa chanteuse Jackie Perez Gratz qui vient transmettre autant de tristesse que de frustration. Une voix habitée inspirée par celle de Beth Gibbons (Portishead, influence revendiquée) au profit d’un doom rock (pop ?) envoutant.

ChunkedInhaling The Infestation (Gore House Productions) death metal

Forcément si tu inhales de l’infestation, ça ne devrait pas aider à aller bien. Les trois gaillards de Chunked viennent ici s’amuser à reprendre à leur sauce (dégueulasse bien entendu) le slam death qui ne se contente pas d’avoiner dans le vide mais nous gratifie de grooves poisseux quasi constants via des roulements succédant à quelques accélérations (sur le morceau-titre notamment). Et malgré une voix monocorde de laquelle on peut fatalement se lasser un peu, ce premier EP offre ce qu’il faut de granuleux et de dégueulasserie façon Devourment. Une recette dont on a vite fait le tour mais qui charmera celles et ceux qui apprécient qu’on leur vomisse dans les oreilles.

HässligApex Predator (Sentient Ruin Laboratories) raw crusty black metal

Jeune projet solo espagnol monté par D.B (aussi chez Délirant et Negativa), Hässlig débarque sur cette scène black metal hispanique avec un premier album au son punk et cru. Apex Predator (qui n’est pas un modèle de chaussure de foot) alterne en effet entre le poumtchak du crust et les accélérations tous blasts dehors du black metal, tout ça avec une production croustillante (et un soupçon de grindcore par dessus). Binaire et immédiat, les amateurs d’attaques (très) crues et les haters des bassistes (car il n’y en a aucun ici) seront aux anges.

DjiinMirrors (Klonosphère/Season Of Mist) prog rock psychédélique

Quatrième album pour les rennais de Djiin, groupe plutôt à part et pas du tout dans le registre stoner rock classique attendu au vu de leur look rétro ! En effet, le quartet mixe ensemble des éléments venus de différents styles (prog rock, stoner, post-punk, rock psychédélique etc) et sonne vraiment unique grâce à la performance de sa chanteuse. Chloé Panhaleyx possède plusieurs registres, tantôt caressant dans le sens du poil, tantôt plus suave, voire plus grave, elle accompagne parfaitement les rythmiques sinueuses de ses comparses, non avares en riffs variés (de gros grooves en mélodies évolutives évoquant Elder). Un excellent album, inventif et très dynamique grâce à ses incalculables rebondissements. Très chaudement recommandé !

AdversarialSolitude With The Eternal… (Dark Descent Records) death metal

Après neuf ans de silence (ça fait long), Adversarial est enfin revenu de nulle part, prêt à donner une suite à son Death, Endless Nothing and The Black Knife Of Nihilism (oui déjà tout un programme !). Le trio canadien apparait à nouveau bien imposant, déversant son extrême brutalité à coup d’hyperblasts et de vocaux parmi les plus monstrueux qui soient. Un vortex de terreur et de crasse qui ne fait que bombarder à l’artillerie lourde. A vous de voir si vous survivrez sur ce champ de bataille.

Rope SectEstrangement (Iron Bonehead Productions) deathrock/gothic rock

Rope Sect n’en a pas fini avec sa mélancolie, le groupe allemand le prouve une fois de plus avec cet Estrangement qui fait (étrangement) penser à Katatonia. Du chant suave mais poignant du vocaliste aux rythmiques déployées par ses comparses, mélodiques et pleines de groove entre deux larmichettes. Entre titres immédiats axés sur les émotions (l’ouverture “Revel In Disguise”) et moments plus frénétiques (le superbe “L’Appel du vide” aux agréables relents post-punk), Rope Sect (qui se paye aussi le luxe d’avoir King Dude en invité sur la conclusion “Rope of the mundane love”) signe un nouvel album marquant par sa simplicité (sans trop tirer sur la corde, si vous me passez l’expression !) et son approche mélodramatique toute en retenue. Joli !

Rats Will FeastHellhole (Time To Kill Records) blackened metallic modern hardcore

Quand on est chroniqueur, on aime bien quand les labels nous indiquent une petite étiquette afin de caractériser leurs sorties. Time To Kill a décidé de qualifier ce nouvel album des finlandais Rats Will Feast de “hardcore expérimental”, terme qui apparait aussi vague qu’à côté de la plaque. Car ce Hellhole propose en réalité un hardcore viscéral versant allègrement dans le punk, le grind et le black metal. L’ombre de Converge plane parfois, comme celle de Trap Them dans ces attaques de virulence entre riffs tranchants et trémolos entrainants sans effort tandis que les vocaux, bien qu’un peu monocordes, font bien leur effet. Pas expérimental pour deux sous, mais une bonne collection de mandales venues du froid !

SoftcultHeaven (Easy Life Records) shoegaze/dreampop

Après des titres sortis au compte-goutte, Softcult sort enfin un véritable EP. Les six titres de ce Heaven mêlent titres aériens pleins de réverb (l’introductif “Haunt You Still”) et titres posés aux refrains mémorables (mention à “9 Circles” et surtout “Shortest Fuse”, simplement imparables). Les jumelles Phoenix et Mercedes Arn-Horn nous plongent dans un peu plus de vingt minutes de douceur, un peu comme si Phoebe Bridgers avait eu envie de planer dans du coton. Un EP très plaisant.

The Last Of LucyGodform (Trenscending Obscurity Records) death(math)core technique progressif

Même pas deux ans après Moksha, The Last Of Lucy fait son retour avec ce Godform, poursuivant dans ses envies technico-brutales. Les californiens s’appuient à nouveau sur leur fabuleux batteur, poussant le groupe à aller toujours plus vite (notamment les gratteux qui font eux aussi la course). Cependant, les breaks mélodiques sont nombreux et permettent d’aérer le propos du groupe, sans quoi ça tournerait vite à la démonstration trop harassante. Aussi l’on se permet même d’aller du côté du jazz, notamment sur “Twin Flame” où un saxo apparait entre deux déflagrations tirant ici sur le mathcore. On est en effet ici quelque part entre Archspire et Psyopus. Une recette légèrement renouvelée mais un résultat habituel: une surpuissante violence couplée à une impressionnante virtuosité.

AgricultureLiving Is Easy (The Flenser) exstatic black metal

On termine cette sélection avec l’une des valeurs montantes de la scène post-black: Agriculture. Living Is Easy est un EP d’un peu plus d’un quart d’heure composé de seulement quatre titres: deux déflagrations entre fureur et passages ultra épiques, une courte ballade tristounette avant de terminer par quelques spoken words. Un EP assez frustrant car le quartet de Los Angeles propose des titres tout en flamboyance avant que le magma ne retombe. On espère que l’enthousiasme provoqué ici sera prolongé sur un nouvel album plus fourni car ici c’est un peu court jeune homme !

beunz
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